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Résistance des animaux Liens entre génétique et santé : la recherche avance

Tous formés de la même façon, les pareurs enregistrent les informations de manière homogène ce qui fournit une base de données de qualité pour la sélection.

Les animaux réagissent différemment à des agressions, ce qui laisse supposer que tous ne sont pas armés de la même façon pour se défendre. La sélection devrait pouvoir contribuer à faire naître des animaux plus résistants.

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Même s’ils sont peu héritables (moins de 10 %), les caractères de santé peuvent faire l’objet d’une sélection car leur variabilité génétique est reconnue. L’UMT eBis, un partenariat entre l’Inrae, Idele et Allice, travaille sur ce sujet et a présenté un point d’étape lors d’un webinaire, le 23 mars. L’objectif global, obtenir un animal productif et en bonne santé toute sa vie, se décompose en plusieurs thématiques. Des projets portent sur les mammites, la paratuberculose ou encore, la résistance aux strongles. Le webinaire s’est focalisé sur les maladies podales et l’immunité du veau.

Lésions des pieds : des différences en fonction des races

Les boiteries constituent une préoccupation grandissante dans les élevages laitiers. Troisième cause de réforme après les mammites et la reproduction, elles génèrent des coûts non négligeables. La description des lésions, au nombre de vingt, est harmonisée au niveau international. En France, tous les pareurs suivent une même formation et peuvent donc enregistrer les informations de manière homogène. Il existe ainsi un moyen de collecte efficace des phénotypes, même si elle n’est pas exhaustive car ce sont les éleveurs qui choisissent les animaux examinés. Parmi les lésions les plus fréquentes, trois sont d’origine infectieuse : la dermatite digitée, l’érosion de la corne du talon et la limace. Quatre autres – bleime diffuse et circonscrite, ouverture de la ligne blanche et ulcère de la sole – ne le sont pas. Dans le cadre du projet eBis, seules sont retenues les femelles dont les deux parents sont connus, dont au moins les deux pattes arrière ont été vues par un seul pareur, et dont les performances sont attestées par un contrôle officiel.

Il s’avère que seulement 12 à 21 % des vaches sont saines et qu’un tiers est vu plusieurs fois. On observe des différences de fréquences des lésions selon les races. La dermatite est plus fréquente chez la normande tandis que l’ouverture de la ligne blanche touche davantage les montbéliardes. Même si l’héritabilité est faible, la répétabilité peut être élevée, notamment pour la limace et la nécrose de la pince pour les trois races. De plus, certaines lésions sont bien corrélées entre elles. Grâce au système Single Step, une évaluation dite « pilote » de la sensibilité aux lésions podales a été réalisée en vue de la croiser avec les lésions réellement observées sur les animaux. Ses premiers résultats sont encourageants. Ainsi, par exemple, en race holstein, seulement 37 % des vaches ayant un index à - 1 pour la dermatite sont épargnées par la maladie, contre 77 % de celles avec un index à 1. On retrouve les mêmes tendances pour les autres lésions et les autres races. Les travaux se poursuivent afin d’affiner les évaluations et de les ajuster à chaque race.

Des résultats prometteurs sur l’immunité

L’intérêt de travailler sur la capacité immunitaire vient du constat que de 10 à 20 % des jeunes veaux meurent avant l’âge de 6 mois. Les infections intestinales et respiratoires sont redoutables, mais l’immunité peut protéger les animaux. Celle-ci est partiellement transmise par la mère (immunité passive) ou résulte d’une adaptation du veau (immunité acquise). Le jeune animal possède aussi une immunité innée, non spécifique, qui repose sur la reconnaissance de signatures moléculaires portées par les germes pathogènes. Des travaux ont montré que la réponse à une infection varie d’un animal à un autre. En effet, lorsque des germes pathogènes sont présents dans les fèces, certains veaux souffrent de diarrhées quand d’autres sont épargnés. Certaines régions du génome semblent impliquées dans ce niveau de réponse. Cette découverte est prometteuse car elle suggère que l’immunité innée varie selon les animaux et peut donc faire l’objet d’une sélection. Cependant, les travaux ne font que commencer. Le coût élevé des analyses constitue un frein et il faudra donc encore du temps avant d’obtenir des améliorations concrètes en élevage.

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